La Dyscalculie
On en parle peu et pourtant les troubles du calcul existent et sont assez répandus. Il s'agit d'un concept qui a fait son apparition dans les années 70 pour rendre compte, à la fois d'un dysfonctionnement dans le domaine de la logique, de la construction des nombres et des opérations.
La dyscalculie se rapproche de la dyslexie, car tout comme elle, elle apparaît chez des enfants, des adolescents ou des adultes d'intelligence normale et vivant dans un contexte social équilibré et stimulant.
Le calcul, pas plus que le langage écrit, ne dépend d'un seul module cognitif. Le développement des capacités numériques chez l'enfant (construction progressive du nombre et des premières opérations) suppose la maturation, le développement et la coordination de nombreuses compétences intellectuelles.
La recherche dans ce domaine n'en est qu'à ses débuts et, est beaucoup moins avancée que celle sur la dyslexie. Sans doute parce que certains enfants arrivent à la dissimuler en développant des stratégies de contournement (les tables de multiplication par coeur sans en comprendre le sens...) ou encore admettent, avec les parents et les enseignants qu'ils sont "nul en math".
La dyscalculie est un trouble de l'apprentissage du calcul qui affecte jusqu’à 6% des enfants, selon les dernières données neuroscientifiques. Elle serait plus fréquente que la dyslexie (2,5% à 4,3 des enfants). Elle serait due à un trouble primaire de la perception des nombres en rapport avec une désorganisation des neurones. Il existerait probablement une contribution génétique et environnementale. Elle serait plus fréquente chez les enfants prématurés et chez ceux qui sont exposés pendant la période foetale à l'intoxication alcoolique de la maman.
Il n'existe pas encore de définition ou de critères de diagnostique unanimement acceptés de la dyscalculie. Les causes demeurent incertaines.
Principaux types de dyscalculie :
Les dyscalculies peuvent être isolées (cas assez rare cliniquement) ou associées à d'autres troubles spécifiques des apprentissages (dysphasie, dyslexie, dysorthographie). Dans ce dernier cas, il s'agit de la traduction, dans plusieurs secteurs des apprentissages, d'un même trouble cognitif en amont :
- trouble visuo-attentionnel ou visuo-spatial, responsable de dysgraphie, de dysorthographie et de dyscalculie spatiale.
- pathologie des compétences linguistiques, s'extériorisant dans le langage oral (dysphasie), le langage écrit (dyslexie) et le calcul (dyscalculie "linguistique").
- déficit de la mémoire de travail auditivo-verbale, révélée par une dyslexie phonologique et dyscalculie.
- troubles des fonctions exécutives, se manifestant, selon les enfants, dans tel ou tel secteur des apprentissages, avec le plus souvent, un tableau de dyslexie + dyscalculie.
Pour les enfants dyscalculiques, présentant des troubles spécifiques (facteur G préservé), l'analyse neuropsychologique donnera des clés, à la fois pour analyser les difficultés, comprendre les fréquentes associations de troubles (dyspraxies et troubles visuospatiaux, dyslexie) et trouver des voies pour rééduquer et/ou contourner les troubles.
Les activités mathématiques sont souvent vécues comme une matière scolaire prestigieuse, où la réussite atteste de "l'intelligence" de l'enfant et permet une orientation valorisante. A l'inverse, l'enfant en difficulté peut se sentir extrêmement humilié. Mais au-delà de cette vision réductrice le calcul est, avant tout, un outil de la vie quotidienne, permettant de résoudre des problèmes banals (ajouts, retraits, ordres de grandeurs, écarts, distributions...) et favorise une bonne autonomie sociale.